Mesdames, Messieurs les candidats à l’élection présidentielle,
L’élection présidentielle, rendez-vous démocratique majeur dans la vie politique nationale, permet la confrontation de différentes visions de la France et est l’occasion d’apporter des réponses concrètes aux attentes et aspirations de la population sur un certain nombre de sujets essentiels à ses yeux.
Jamais les questions environnementales n’ont apparu aussi saillantes dans le débat public et nombreux aujourd’hui sont nos concitoyens à être préoccupés, par la dégradation de leur cadre de vie et sont animés par la volonté de conserver la biodiversité de leur environnement.
Le collectif « Nous ne sommes pas la décharge du Grand Paris », constitué d’acteurs associatifs, de citoyens engagés et d’élus locaux, saisit donc l’opportunité de ces élections présidentielles pour attirer votre attention sur un sujet sensible,trop peu médiatisé et qui pourtant impacte la vie quotidienne de cette « France périphérique » des petites villes et villages :
la multiplication des décharges de chantiers issus du BTP sur des terres naturelles ou d’anciens terrains à vocation agricole.
Le phénomène de métropolisation, qui s’est accéléré autour des grandes villes ces dernières années, s’accompagne mécaniquement d’une forte augmentation des chantiers de grande ampleur et de la production de déchets dont les quantités dépassent les capacités de stockage des décharges habilitées. En Île-de-France, le projet du Grand Paris a saturé le marché des déchets issus du BTP, avec des conséquences négatives sur les territoires de la grande couronne parisienne. L’entreprise Bouygues, qui est directement engagée dans des opérations d’aménagement du Grand Paris, envisage de déverser sur une surface agricole de 34 hectares, située sur la commune de Saint-Hilaire en Essonne,
l’équivalent d’1,5 MMm3 de déblais issus de ses chantiers. Dans le même département à Fleury-Mérogis, près de 300 000 tonnes de déchets de chantiers pollués à l’amiante et au mercure ont été enfouis illégalement il y a quatre ans sur un terrain communal de 7 hectares, faisant de ce site l’une des plus grandes décharges sauvages d’Île-de-France.
La frontière, entre ce qui relève de la légalité ou non, apparaÎt d’ailleurs souvent mince. Des réseaux mafieux sont à l’origine de ces saccages environnementaux, comme à Fleury-Mérogis où plus récemment, à Vaujours, en Seine-Saint-Denis. Dans les deux cas, que ce soit une entreprise à la réputation « respectable » ou des réseaux criminels, on observe hélas le même procédé : jouer de la règle en exploitant les faiblesses des petites communes démunies face à ces pratiques scandaleuses, avec à la clé des profits conséquents.
À l’heure de la transition écologique, n’est-il pas grand temps que l’État se saisisse de ce problème resté trop longtemps sous silence, qui participe de fait à l’aggravation des inégalités environnementales et sociales entre nos territoires ? L’absence de réaction étatique sur ce sujet suscite un sentiment profond d’injustice parmi les habitants concernés, qui appartiennent essentiellement aux classes populaires et moyennes vivant à la périphérie des grandes métropoles.
Vous êtes candidats aux plus hautes fonctions de l’État. Aussi notre collectif souhaiterait connaître les mesures de protection de nos territoires que vous mettriez en œuvre contre l’apparition de ces décharges, et les garanties pour tous nos concitoyens de vivre dans « un environnement équilibré et respectueux de la santé », comme en dispose l’article 1er de la charte de l’Environnement.
Quels moyens mobiliseriez-vous pour aider les communes lésées à réhabiliter leurs terrains et espaces naturels pollués par ces exhaussements dits aussi remodelages ?
En vous remerciant pour les réponses que vous donnerez, nous vous prions, Mesdames, Messieurs, de recevoir l’expression de notre plus haute considération.